Conférence de presse et confidences

Conférence de presse et confidences

Corail Teoz 3624 – Trajet Limoges / Paris – 21/10/09

 

Je rentre de Limoges où j’ai participé à mon premier point presse à l’occasion de la parution de La Nuit des Orpailleurs.

 

La dernière fois que j’ai pris ce train, le roman était en cours d’écriture. C’était en hiver 2006. J’écrivais la galère de mon héroïne coincée au fond d’une ancienne mine d’or. Ses peurs, ses angoisses, son combat pour en sortir vivante…

Je rentrais à Paris après une visite au CHU de Limoges où mon père attendait une fin que les médecins annonçaient proche.

Ce matin, lors du point presse c’est l’image qui est revenue en premier, une image de guerre de bataille, de chaos.

Quand j’ai dit aux journalistes que c’était mon roman le plus abouti, l’un d’eux à demandé pourquoi ? Et à ce moment, j’ai compris l’une des véritables raisons qui m’avaient poussée dans ce chantier d’écriture.

 

Les mines d’or du Limousin, terrain de jeu de mon enfance. Un terrain dangereux et propice aux débordements d’imaginaire. Quand j’étais gosse et que je m’asseyais en lisière de forêt pour me raconter des histoires de princesses, je rêvais qu’un jour, bois, rivières, étangs, pâturages, champs, tout ce que mon regard embrassait, m’appartiendrait. J’étais de ce lieu, ce lieu était à moi.

 

En réfléchissant à la façon dont j’allais expliquer pourquoi ce roman était le plus abouti par rapport aux autres, j’ai réalisé que j’avais dit cela car j’avais écrit ce livre à la mémoire de l’un de mes rêves d’enfant. Parce qu’un jour j’ai su que ce rêve là n’avait aucune place dans mes rêves d’adulte, je suis partie, j’ai emporté avec moi l’invisible, j’ai laissé le visible aux réalités agricoles.

 

La Nuit des Orpailleurs n’a rien d’un roman autobiographique, pourtant entre les lignes il y a des souvenirs, des références. Les lieux, encore eux, un grand-père qui a travaillé dans la mine dont je parle et qui est mort à 30 ans de la silicose (maladie des poumons provoquée par l’inhalation de poussière de silice), une grand-mère devenue veuve avec ses deux gosses. Un grand-père journalier agricole, une grand-mère dont le courage ne pouvait empêcher une situation familiale d’extrême précarité.

 

A la place de plus abouti, j’aurai pu dire plus personnel, tant mes raisons flanchaient vers l’évocation d’une écriture thérapeutique.

 

Ce livre est dédié aux lieux et aux gens qui ont marqué mon enfance. Ils ont participé de manière directe et indirecte à ce que je suis devenue. L’écrire, c’était dire je vous aime.

 

Il n’en reste pas moins que j’ai mis dans ce livre tout ce que j’affectionne en matière d’écriture. Des époques différentes autour d’un lieu commun où tout se concentre, se mêle, se noue, se dénoue, une touche de fantastique et… un personnage féminin à la personnalité non conventionnelle.

 

Est-ce que tout cet amalgame en fait mon roman le plus abouti ?

 

… sans conteste, oui.